Saïd Bouzid, marocain du Monde
Saïd Bouzid est une personnalité atypique au parcours étonnant, sportif et généreux il a plus d’une corde à son arc. Souiri d’origines il est de retour à Essaouira depuis quelques années, un personnage hors norme à découvrir !
Focus : Saïd Bouzid
Son parcours, son histoire…
Né le 29 janvier 1960 à Safi, Saïd se considère avant tout comme un véritable souri : ses 4 grands-parents et ses parents sont souiris, ses arrières-arrières grands parents maternels sont même enterrés à la zaouïa Kadiria dans la médina d’Essaouira.
Apres l’obtention de son bac scientifique à Safi, il part à Paris pour continuer ses études en biologie et en sciences de l’éducation.
Ceinture noire de karaté, il découvrira en France la boxe pieds-poings et notamment la Savate boxe française.
Il excelle dans ce sport et sera récompensé à 3 reprises en décrochant le titre de champion de France universitaire en 1985, 1986 et 1988.
Animé par la passion de cette discipline sportive, en 1987 il fait le choix de devenir entraineur et passe son brevet d’état d’Educateur sportif pour transmettre son savoir et son expérience.
C’est en 1994 que Saïd créera son propre club et mettra son métier et ses valeurs au service des quartiers défavorisés.
L’entraide, la solidarité, le respect, le courage ainsi que la maîtrise de soi sont des valeurs qu’il ne cessera de transmettre.
Saïd est également le 1er boxeur Savate marocain à combattre contre le champion du monde en titre Sébastien Farina en 1991.
Fidèle à ses origines, il organisera, en France, au sein de l’association SAFRIS (Association en faveur du développement des sports pieds-poings africains) les championnats du monde en 2001. L’événement est une double réussite puisqu’il permet à Rachida Laghrifi, jeune sportive marocaine, de devenir la première africaine championne du monde.
En 1999, missionné par la fédération internationale de Savate, il est chargé de restructurer la Confédération Africaine, en parallèle il fait un état des lieux de la pratique de ce sport et de son organisation au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Son analyse de la situation et son rapport permettront, la même année, la création d’une section savate au sein de la Fédération Royale marocaine de kick, full et thaï.
A partir de là il devient un interlocuteur privilégié pour ce sport dans les relations entre Europe et Afrique et de nombreux événements pourront voir le jour :
- Mars 2001 premier championnat d’Afrique organisé par le Maroc à Rabat.
- Septembre 2002 demi-finale des championnats du Monde à Rabat au Maroc.
- Juin 2002 gala international à Oujda.
- Juillet 2003 stage pour le perfectionnement des entraîneurs marocains à Youssoufia.
- Juillet 2004 gala international à Safi, avec la participation de 5 boxeurs français.
- Juillet 2005 à Essaouira, en plein air sur la place Moulay Hassan, le premier championnat du Monde féminin de savate en Afrique.
Parallèlement, il continue à entrainer plusieurs boxeurs en France : Farid KHIDER, Sofiane ALLOUACHE, Mourad KHIDER, Clément VENETTILLI ou Laurence WOO pour ne citer qu’eux.
Préparés et coachés par Saïd, tous ces sportifs deviendront champions de France, champions du Monde, champions d’Europe ou champions d’Afrique.
Saïd Bouzid est, aujourd’hui encore, le seul entraîneur qui a entrainé et formé des champions du Monde dans les 4 disciplines de boxe pieds-poings : Full contact, Kick boxing, Boxe thaïlandaise et Savate boxe française.
Ses projets sportifs… à Essaouira
Aujourd’hui installé à Essaouira, Saïd Bouzid s’investit personnellement et participe financièrement aux efforts de développement du Maroc.
Il a pour projet l’ouverture d’un centre d’hébergement et de préparation physique et mentale d’athlètes avec l’aide de son épouse. Marion qui est elle-même ancienne-boxeuse, entraineuse d’une section féminine de boxe pieds-poings à Essaouira et psychologue-psychothérapeute.
Saïd entraine également 4 jeunes souiris en boxe anglaise, ces sportifs prometteurs ont remporté le titre de champion de la ligue sud pour la 1ère fois pour trois d’entre eux.
Depuis Novembre 2012, il préside l’ancien club de boxe d’Essaouira ASEB pour permettre aux jeunes souiris de boxer sous les couleurs de leur ville. La passion de la boxe est là et depuis la victoire de ces jeunes, 5 clubs de boxe se sont créés à Essaouira.
Son engagement humain et associatif
Vice Président et co fondateur de l’association Ida O Blal, Saïd œuvre pour le développement rural à travers l’approvisionnement en eau, le désenclavement et la lutte contre la pauvreté.
La mobilisation de l’association a permis l’approvisionnement en eau dans une école de Sidi Hmad O Hamd et dans 4 villages de la commune grâce à la mise en fonctionnement du château d’eau jusque là hors d’usage.
L’objectif final de l’association étant de doter chaque foyer de l’eau courante.
Son œil d’entraineur sportif lui a permis de repérer rapidement le potentiel athlétique des enfants de la région.
Le prochain projet de l’association Ida O Blal : mettre en place des courses de cross country pour dénicher de jeunes talents et leur fournir la formation et le suivi sportifs leur permettant de participer à des compétitions au Maroc et pourquoi pas à l’étranger.
Saïd le Romancier
Sportif et acteur du monde associatif, Saïd n’en est pas moins un homme de lettres.
Auteur du roman « le KO des Dieux» publié aux éditions les auteurs associés en 2006, il a su marier habilement l’intrigue d’un thriller au milieu de la boxe et fait naviguer ses lecteurs entre les cités de banlieue parisienne et les ruelles de la médina d’Essaouira.
Ces personnages principaux une beurette musulmane boxeuse et psy, un flic aristo chrétien, un médecin légiste juif, vous guideront au cœur de cette intrigue policière, singulière et passionnante.
L’interview Vivre Essaouira…
Vivre Essaouira : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Saïd Bouzid : Un marocain du monde qui a décidé de revenir sur la terre de ses ancêtres
Vivre Essaouira : Dans les grandes lignes, quel est votre parcours professionnel ?
Saïd Bouzid : Tout me prédestinait à devenir chercheur en biologie, discipline que j’avais choisie après mon bac scientifique.
Parallèlement, par la boxe et mon travail au sein des quartiers, j’ai côtoyé la misère sociale et culturelle, ce qui m’a décidé à changer de cap, pas prêt à passer la majeure partie de mon temps à manipuler les chromosomes des drosophiles du CNRS.
Finalement la biologie m’aura quand-même servi pour passer mon brevet d’Etat d’éducateur sportif !
J’ai ensuite repris des études dans le social qui m’ont permis de finir ma carrière en tant que Directeur d’un centre socio-culturel en même temps que je poursuivais mon parcours de sportif et de coach en entrainant mes élèves au plus haut niveau national et international.
J’ai enfin pu avoir la fierté d’être le représentant en Europe de la Fédération Royale Marocaine de full-kick-thaï et savate, les 4 disciplines de boxe pieds-poings.
Vivre Essaouira : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier/de pratiquer ce sport ?
Saïd Bouzid : J’ai toujours été un bagarreur depuis tout petit avec les enfants de mon quartier…
La pratique du karaté s’est d’abord imposée à moi, passionné par les films de kung fu.
C’est seulement en arrivant en France que j’ai découvert la boxe comme sport universitaire.
Ensuite, le métier de coach s’est imposé à moi car j’aime partager et transmettre ma passion.
Cela m’a permis d’allier mon amour des sciences naturelles (le métier d’éducateur sportif réclame de bonnes connaissances en physiologie de l’effort), ma fibre bagarreuse et mon attrait pour le social – qui est mon deuxième métier -.
Dans ces deux domaines, mon unique obsession a été de donner aux plus faibles des armes pour mieux s’en sortir et affronter l’adversité, qu’il s’agisse de la drogue, de la précarité ou de la discrimination…
Vivre Essaouira : Quelles sont les 3 étapes ou moments les plus importants ou les plus marquants dans votre carrière/vie personnelle ?
Saïd Bouzid : Le premier événement marquant est quand j’ai quitté le Maroc à 19 ans, un mois après la mort de mon père avec le bac en poche que je me suis retrouvé seul à Paris, avec mon sac à dos comme seule compagnie et portant le deuil de mon père.
Le deuxième est quand j’ai quitté le monde de la biologie et des laboratoires de recherche qui ne me convenait pas pour découvrir celui du social, des cités et de la misère urbaine, celle du déracinement, de la perte des liens.
Le 3ème a été de recevoir, 24 ans après mon arrivée en France, une invitation de l’ambassade du Maroc à Paris pour faire partie d’un groupe qui allait être reçu par SM le Roi Mohamed VI à Rabat afin d’y être récompensé pour mon investissement pour la communauté marocaine à l’étranger.
Invitation que je n’ai malheureusement pas pu honorer car j’attendais un vol qui devait m’emmener en lune de miel au Japon pour un mois avec mon épouse et future mère de mes 2 enfants.
Vivre Essaouira : Depuis combien de temps venez-vous en séjour à Essaouira au Maroc ?
Saïd Bouzid : Depuis que j’étais dans le ventre de ma mère.
Etant petit, mes parents, souiris d’origine et exilés à Safi, revenaient tous les week-ends et pendant les vacances pour voir leurs parents.
Nous passions les congés dans l’ancienne villa que la Banque du Maroc, à côté de l’hôtel des îles, réservait à ses employés dont mon père faisait partie.
Vivre Essaouira : Quelle a été votre motivation pour venir vivre / travailler à Essaouira/ au Maroc ?
Saïd Bouzid : Essentiellement la crainte que mes enfants connaissent la même misère culturelle et la violence urbaine que je côtoyais au quotidien dans mon travail et la volonté de leur transmettre autre chose.
Essaouira est bien connue pour être un lieu de tolérance et d’ouverture aux autres cultures.
Encore aujourd’hui, ma mère me parle de ces temps pas si lointains où elle et sa voisine juive s’échangeaient les plats traditionnels lors de leurs différentes fêtes familiales et religieuses respectives…
Je suis également venu afin de trouver le temps et la sérénité nécessaires pour pouvoir me consacrer à mon autre passion : l’écriture de romans policiers mais aussi afin d’investir dans une des régions les plus pauvres du Maroc et qui est, de surcroît, celle de mes ancêtres.
Et là, c’est un autre combat qui a commencé !!
Vivre Essaouira : Quels sont vos meilleurs souvenirs à Essaouira ou liés à Essaouira ?
Saïd Bouzid : C’est d’avoir permis à une marocaine d’avoir pu acquérir pour la première fois le titre de «championne du monde» de savate –boxe française en organisant le seul championnat de boxe pied-poings qui ait jamais eu lieu à Essaouira, sur la place Moulay Hassan en 2005 et dont l’accès, gratuit, était ouvert à tous.
Mes autres souvenirs marquants remontent à quand j’étais petit et que j’assistais émerveillé au travail de mes cousins sur le bois de thuya.
Leur dextérité et la finesse de leur ouvrage mais aussi l’odeur de ce noble bois qui malheureusement devient de plus en plus rare.
Un autre souvenir, c’est quand des membres de la famille venaient nous visiter à Safi et amenaient les fameuses pâtisseries de chez «Driss», cadeau obligé pour tout visiteur qui vient d’Essaouira.
Vivre Essaouira : Quel est votre «lieu » préféré à Essaouira ?
Saïd Bouzid : La Sqala avec les boutiques des artisans de thuya et la mer déchainée en arrière-plan qui contraste avec le calme qui règne intra-muros.
Vivre Essaouira : Que conseillez-vous à quelqu’un qui vient visiter la ville d’Essaouira ?
Saïd Bouzid : De flâner, se perdre et sortir des sentiers battus, prendre le temps de la découvrir.
Essaouira est une ville timide et pudique, ses habitants n’iront pas spontanément à la rencontre des visiteurs ; il faut lui donner le temps pour qu’elle se livre à son hôte.
Seuls les patients pourront goûter à ses fruits !
Vivre Essaouira : Un message à faire passer à tous ceux qui vont vous lire ?
Saïd Bouzid : La région d’Essaouira (particulièrement celle qui jouxte l’aéroport) est une des plus pauvres du Maroc. Elle manque de routes, d’eau, d’un hôpital ou même d’une simple infirmerie… Alors que les morsures de serpent ou de scorpions y sont monnaie courante.
Un nombre croissant d’associations qui voient le jour essaient progressivement d’enrayer ce fléau.
Les contributions, même les plus modestes sont toujours les bienvenues !
L'Association Ida O Blal
Le siège de l’association est dans la commune Id El Aouni, qui malheureusement ne bénéficie pas de service de courrier postal.
Les membres du bureau se tiennent à votre disposition pour les informations dont vous pourriez avoir besoin.
Président : RAJI Hassan Tél : + 212 (0)6 62 20 14 79
Vice Président : BOUZID Saïd Tél : + 212 (0)6 01 39 86 64
Trésorier : ELBAZ Mohamed Tél : + 212 (0)6 63 70 57 28
Vous pouvez contacter l’association par e-mail : [email protected]
L’esprit des Sens
Centre de remise en Forme & Maison d’Hôtes à Essaouira.
Ouverture prévue courant 2013.
Adresse : Douar Id El Aouni (à 6 km de l’aéroport d’Essaouira)
Contact par e-mail : [email protected]
Ou par téléphone : + 212 (0)6 01 39 86 64 ou + 212 (0)6 62 89 96 57
Sa Carrière sportive
Niveau et Titres Sportifs
1982 : Ceinture Noire de Karaté Shotokan au Yamatsuki club (Roger PACHY)
1984 : Gant d'Argent technique 1er degré de boxe Française Savate (GAT 1)
1990 : Gant d'Argent compétition 4ème degré de boxe Française Savate (GAC 4)
1988 : Classé Série Nationale élite en Boxe Française Savate (de 1988 à 1992) et en Kick Boxing WKA
• Champion d'île de France Universitaire de Karaté en 1982 et 1983
• Champion de France Universitaire de Boxe Française Savate en 1985, 1986 et 1988
• Vice Champion d’Ile de France Universitaire de Boxe Anglaise en 1985
• Demi-finaliste au Championnat de France national Elite de Boxe Française Savate en 1988
• Sélectionné aux premiers Internationaux de France de Boxe Française Savate en 1991 contre le champion du Monde Sébastien FARINA au Stade pierre de Coubertin (Paris)
Palmarès d’entraineur
4 titres de Champions du Monde de Boxe Thaïlandaise en 2002, 2003 et 2005
2 titres de Vice-champion du Monde de Boxe Thaïlandaise en 2003
1 titre de Vice-championne d’Europe de Boxe Thaïlandaise en 2000
3 titres de Champion du Monde de Savate Boxe Française (SBF) en 2001, 2003 et 2005
3 titres de Vice-champion du Monde de SBF en 2003 et 2005
3 titres de Championne d’Europe de SBF en 2000, 2004 et 2006
3 titres de Champion d’Afrique de SBF en 2003
7 titres de Champion de France Elite de SBF en 2002, 2003, 2004, 2005, 2006
5 titres de Champion de France Honneur de SBF en 1999, 2001 et 2002
2 titres de Champions du Monde de Kick-Boxing en 2002 et 2007
2 titres de vice Champion du Monde en Full-Contact en 2005 et 2006
1 titre de Champion d’Europe en Full-Contact en 2000
2 titres de Vice-champion du Monde de Kick-Boxing en 2002 et 2003
15 titres de Champion de France de Kick-Boxing classes A , B et C de 1997 à 2004
4 titres de Champion de France Universitaire de SBF 1985, 86, 98
47 titres de Champion d’Ile de France en Savate, Kick et Full depuis 1997
Contacts :
Saïd Bouzid
téléphone : + 212 (0)6 01 39 86 64
email : [email protected]
Le blog de Saïd Bouzid : http://www.bouzid.said.over-blog.com
Préparation physique à Essaouira « Impact Essaouira » : http://www.bouzid.said.over-blog.com
Par Andréa pour Vivre Essaouira le 19/06/2013
avec l'aimable collaboration de Mr Saïd Bouzid