Cuirs et Peaux
Il s'agit probablement d'une des matières les plus souvent utilisées dans l'artisanat marocain : à Essaouira les peaux et cuirs sont présents dans de nombreux corps de métiers et objets traditionnels.
Cuirs et Peaux dans l’artisanat d’Essaouira
De tous temps, l’homme a utilisé les peaux d’animaux pour s’abriter, se protéger, se vêtir, porter… ce qui a engendré différents corps de métiers autour du travail des peaux et du cuir.
L’importance de la tannerie dans l’artisanat traditionnel d’Essaouira vient du fait que le Maroc a toujours été un grand pays d’élevage et que ses forêts fournissaient les produits tannant et les colorants nécessaires. Dans ce domaine, la réputation du Maroc est telle que, les peaux de chèvres tannées proviennent du terme « maroquin ».
Trois types de cuir se distinguent, pour chacun les éléments et le temps de préparation différent:- les maroquins ou peaux de chèvres sont destinés aux babouches, poufs, ceintures, sous-mains et portefeuilles.
- les basanes ou peaux de moutons sont utilisées pour les vêtements.
- le cuir de vache est utilisé pour les cartables, sacs et chaussures.
La transformation du cuir
La transformation des peaux en cuir varient selon l’animal :• 25 jours et 9 étapes importantes sont nécessaires à la transformation des peaux de mouton
• plus d’un mois pour les peaux de chèvres
• plusieurs mois pour les cuirs dits « forts » de vaches ou chameaux.
Les peaux arrivent avec leurs poils dans les tanneries installées près d’une source d’eau ou de puits. Les différentes opérations sont supervisées par les maîtres artisans (malhems) : salage, dessalage, épilation, bains de chaux, de son, de fientes de pigeon et teinture précèdent le tannage proprement dit, qui est le traitement final pour transformer la peau en cuir grâce à des tannins d’origine végétale.
Le lissage exécuté en dernier, donne son aspect définitif au cuir. Ces minutieuses interventions sont exécutées manuellement par les ouvriers.
Les cordonniers quant à eux, forment une corporation spécialisée dans la création des babouches. Le mot cordonnier lui-même issu de « cordounier » est une réminiscence des artisans de Cordoue, ville Arabo andalouse réputée pour ses cuirs, dont le rayonnement dans le monde musulman du VIII° siècle équivalait à celui de Grenade et Bagdad.
Avec le développement du tourisme et de l’artisanat, aujourd’hui aucun voyageur ne repart du Maroc sans avoir acheté, au moins, une paire de ces babouches, le produit emblématique des les souks marocains.
Le choix relativement pauvre des couleurs est dû aux produits naturels utilisés. Les beiges les plus clairs, spécialité de Fès, proviennent d’un mélange d’écorce de grenade et d’Alun alors que le rouge rosé, spécifique à Marrakech, est tiré de racine de garance, pulpe de dattes et alun.
Jusqu’au siècle dernier, Essaouira était l’un des premiers fournisseurs du royaume en « maroquins » ou peaux de chèvres. Dans les années 80, la fermeture de la grande tannerie CAREL, a laissé des centaines de familles sans ressource. Aujourd’hui, seules les lampes en peau de chèvre décorées à la main, sont entièrement locales, vous pouvez les retrouvez dans les bazars et échoppes de la médina d’Essaouira.
Cuirs et Peaux pour Vivre Essaouira le 6/06/2010
Remis à jour Par Andréa le 13/12/2013